mardi 17 mai 2011

"Une histoire de la lecture", Alberto Manguel

“Une histoire de la lecture” est un véritable éloge de la lecture dans toutes ses aspérités. Bondée d’anecdotes, de références, de petites curiosités, cette “Histoire” évoque et approfondie les cotés artistiques, historiques, scientifiques, personnels à l’auteur et commun à l’humanité des livres et de la lecture.

C’est un essai qui se situe aux frontières de l’apologie, de l’encyclopédie et des miscellanées. Mais c’est aussi un éloge de la pensée, de l’écriture, de l’imprimerie, toutes coordonnées autour de la lecture.

Alberto Manguel sait se positionner en tant que lecteur, aussi commun que vous et moi. Il évoque son enfance... “Lire m’était prétexte à rester seul, ou peut être donnait un sens à la solitude qui m’était imposée... Chaque livre était un monde en soi, et je m’y réfugiais”. De son adolescence, il évoque son premier emploi en librairie, puis celui de lecteur personnel pour Borges, devenu aveugle avec l’âge.

Comme souvent, ce qui touche le plus,  est de se “retrouver” dans les anecdotes:  ce “tic” d’étudiante que je garde aujourd’hui encore dans mes lectures, de lire crayon en main, Manguel l’évoque aussi avec Borges: “Souvent, il me demandait de noter quelque chose sur la page de garde à la fin du livre que nous lisions- la référence d’un chapitre ou une réflexion. Je ne sais pas l’usage qu’il pouvait en faire, mais j’ai pris, moi aussi, l’habitude de parler des livres derrière leur dos”.  C’est récurrent chez Manguel, et c’est aussi pourquoi j’ai tant aimé lire ce livre: les anecdotes nous parlent, et sont toujours relevées par une note d’humour, ou une licence poétique.

Il y a une réelle entreprise de référencement encyclopédique et qui n’est ni assommante ni lassante. Manguel creuse vers les racines de notre culture judéo-chrétienne en particulier: ainsi on peut apprendre par exemple que dans les premières bibles, il n’existe pas de différence entre les mots “lire” et “écrire”;  que Gutenberg imprima une bible avec des pages de quarante deux lignes chacune ( les exemplaires qui restent aujourd’hui sont les livres les plus chers au monde). “Incunable” est le terme utilisé pour désigner les livres imprimés avant 1500 (du latin incunabula, signifiant”du berceau”); l’ancêtre du livre de poche est le livre de “colporteurs”:  de petites brochures que ces derniers vendirent durant le XVII ème siècle.

Faire la liste de toutes les choses apprises dans cet ouvrage serait fastidieux, mais vous l’aurez compris, je ne peux que vous le recommander chaudement, tant il est à la fois intéressant et agréable, ce qui n’est pas si courant.

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