mercredi 27 avril 2011

Nuit et Jour, Virginia Woolf

Est ce significatif que mon premier article de lecture soit sur Virginia Woolf?
Je ne vais pas tomber dans la puérilité infantile et annoncer que Virginia Woolf est mon auteure préférée (comme les enfants diraient “c’est ma meilleure amie”).  Mais il est vrai, pourtant, qu’elle est, parmi tous les auteurs que j’ai pu lire pour le moment, de ceux qui me touchent, et celle pour laquelle je conserve une affection particulière.

Notre première rencontre se déroula chez un bouquiniste de Toulon, chez lequel je trouvais, il y a quelques années, une édition assez rare. C’était son Journal, dont la publication était alors encore “contrôlée” par Léonard Woolf, et donc censurée. Presque vierge (les trois quarts des feuillets n’étaient pas découpés), j’ai eu l’impression qu’il m’attendait. Quant à son contenu, il me fit vibrer instantanément.

VW est de ces auteurs dont une réputation les précède. Dans son cas, malheureusement. On entendra toujours dire qu’elle est : 1- un auteur “difficile”; 2- qu’elle était dépressive et s’est suicidée... Or, cet aspect de sa vie, n’est pas forcement, à mon sens, le plus significatif. Certes son Journal est souvent empreint de sa “maladie”, comme elle la nomme elle-même, et l’importance qu’elle lui confère est stigmatisée par les propos et avis de ses médecins et de son mari. Mais son oeuvre, elle, n’est pas guidée par le fait qu’elle soit malade, si ce n’est la preuve de sa lutte contre sa dépression. Quant au fait qu’elle soit “difficile”... Effectivement, ce n’est pas une auteure qui se lit à la sauvette, sur la plage ou dans le train. C’est une lecture qui demande concentration, rigueur et sensibilité.  Ce n’est pas une tare!

Nuit et Jour est le deuxième roman de Virginia Woolf. Une oeuvre de jeunesse, peut être le plus classique des ses textes, “en amont de la révolution littéraire que constitueront Mrs Dalloway ou La Promenade au phare”. En effet, Nuit et Jour s’inscrit dans la grande tradition anglaise des romans romantiques, sentimentaux. “Katherine Mansfield le rattachait non sans raison à la tradition de Jane Austen”.

Les personnages apprennent les règles difficiles et déroutantes du “Jeu de l’amour et du hasard”, pour en conclure que l’ “On ne badine pas avec l’amour”. Que des titres de pièce de théâtre de Marivaux et Musset viennent en tête pour décrire ce texte n’est pas un hasard: il y a beaucoup de tradition théâtrale dans cette oeuvre, dans la composition elle-même, dans la rythmique de certaines scènes, dans le caractère des personnages. Mais, plus que tout, VW entreprend de développer la politique d’écriture qui lui tiendra le plus à coeur dans l’ensemble de son oeuvre, la “voix intérieure des personnages”.  C’est en cet aspect que ce roman est intéressant et attachant. Le lecteur devient totalement omniscient, on saute de l’esprit d’un personnage à l’autre, on vit de l’intérieur leurs amours, joies, peines.

C’est tout le talent de Virginia Woolf, et c’est en ça qu’elle reste résolument moderne. Elle arrive, dans un contexte archaïque et avec des valeurs qui ne sont plus les nôtres, à provoquer l'empathie nécessaire pour soulever des questions universelles telles que le mariage, l’amour et le bonheur.



Citations extraites de la préface de l'édition Points, par Camille Laurens

7 commentaires:

  1. Oubli ou ignorance, je ne connaissais même pas le titre français de To the lighthouse!

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  2. Dans mon édition, le titre original c'est "night and day".Peut etre que tu confonds?

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  3. To the lighthouse est apparemment le titre original de "La Promenade au phare"

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  4. Je parlais bien de "La promenade au phare", pas de "Night and Day" ;)

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  5. Anonyme27.4.11

    Alors je ne comprends pas ton commentaire Sand..

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  6. ah j'avais pas compris, lol!!

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  7. Pikouz2.5.11

    berk Virginia

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