"C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchées - tout près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher."
Trois allumettes une à une allumées dans la nuit La première pour voir ton visage tout entier La seconde pour voir tes yeux La dernière pour voir ta bouche Et l'obscurité tout entière pour me rappeler de tout cela En te serrant dans mes bras Jacques Prévert
vendredi 27 avril 2012
"Aider à écosser des petits pois", Philippe Delerm (in La premières gorgées de bière)
"C'est facile, d'écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente et elle s'ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes - une incision de l'ongle de l'index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d'un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n'est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l'eau froide, des légumes épluchées - tout près, contre l'évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher."
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